Journée Mondiale de l’Eau 2025 : des experts partagent des solutions innovantes pour renforcer la résilience des services d’eau et d’assainissement en Afrique
Dans le cadre de la Journée mondiale de l’eau célébrée chaque 22 mars, l’AAEA et le Réseau Africain des Médias pour le WASH (RAM-WASH) ont organisé, le 21 mars, un webinaire sur le thème « Résilience des sociétés d’eau et d’assainissement en Afrique face au changement climatique ». Cet événement avait pour objectif de stimuler une réflexion stratégique et opérationnelle autour des solutions innovantes permettant d’adapter et de renforcer la résilience climatique des services d’eau et d’assainissement en Afrique.
Plus de 100 participants, parmi lesquels des experts du secteur, des journalistes et des représentants d’organisations engagées dans la gestion des ressources en eau et de l’assainissement ont participé à ce webinaire pour partager expériences et bonnes pratiques face aux défis climatiques.
Un enjeu majeur pour le continent africain
Lors de l’ouverture du webinaire, Moussa Thiam, président du RAMWASH a souligné l’importance de l’eau en tant que ressource vitale, tout en rappelant que l’accès équitable à cette ressource reste un défi majeur, amplifié par la croissance démographique, les inégalités et surtout le changement climatique. Il a insisté sur la nécessité d’échanges entre acteurs du secteur afin d’identifier des solutions durables.
Olivier Gosso, Directeur Exécutif de l’AAEA, a, pour sa part, abordé les défis que pose le changement climatique aux services d’eau en Afrique. Il a rappelé que près de 400 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à l’eau potable et que les conséquences du changement climatique, telles que la réduction des précipitations et le stress hydrique, aggravent la situation.
Pour répondre à ces enjeux, il a plaidé pour une gestion intégrée des ressources en eau, le développement d’infrastructures résilientes, une coopération régionale renforcée et la restauration des écosystèmes. Il a également insisté sur la nécessité d’un financement accru du secteur de l’eau et de l’assainissement, encore sous-financé en Afrique.
Des solutions innovantes et des actions concrètes
Daouda Sanon Expert international en WASH et Président de la fondation ACRA a, quant à lui, mis en avant l’impact du changement climatique sur les ressources en eau africaines et la nécessité d’adopter une approche proactive pour en atténuer les effets. Il a présenté les initiatives de la Fondation, qui œuvre depuis 1968 à la lutte contre la pauvreté et à l’amélioration de l’accès à l’eau, notamment au Sénégal. À travers des projets tels que "Un toit, un robinet", cette organisation a permis de densifier 16 réseaux d’adduction d’eau potable et de réaliser des milliers de branchements domestiques et communautaires.
Il a également évoqué l’utilisation du mix énergétique comme alternative durable pour l’alimentation en eau potable. Un exemple concret a été présenté : le forage de Efok dans la région de Ziguinchor, qui utilise une combinaison d’énergie solaire et de groupe électrogène. Ce projet, financé par la fondation américaine Sherwaterwater, a démontré que l’exploitation solaire permet de réduire considérablement les coûts d’énergie, assurant ainsi la pérennité du système d’alimentation en eau.
Un plaidoyer pour une meilleure résilience
Le Dr Dhamiba Lucien, Conseiller Régional WASH à WaterAid a pour sa part présenté le rapport intitulé "L'eau et le climat en Afrique et dans le monde : les risques pour les populations" publié le 12 mars 2025. Ce rapport révèle des statistiques alarmantes : plus de 50 % de la population mondiale vit dans des zones urbaines, avec un accent particulier sur les grandes villes. Malgré cela, près de 19 % de la population mondiale n'a pas accès à l'eau potable, et environ 35 % des personnes ne bénéficient pas de services d'assainissement.
Le rapport souligne également que les catastrophes liées à l'eau (inondations, sécheresses, etc.) représentent 90 % des désastres mondiaux, affectant gravement les populations. Ce phénomène est particulièrement prononcé en Afrique et en Asie du Sud-Est, où les villes du Sahel, ainsi que certaines régions d'Asie, sont particulièrement vulnérables.
Les changements climatiques, qui accentuent les phénomènes de sécheresse et d'inondation, sont exacerbés par une urbanisation rapide et incontrôlée. Le rapport note que dans les villes d'Afrique, notamment celles du Sahel, la gestion de l'eau devient de plus en plus difficile à cause de la forte croissance démographique et de l’urbanisation accélérée, avec des prévisions qui annoncent que 75 % de la population mondiale vivra dans des zones urbaines d’ici 2050. Cette situation crée un défi important pour garantir un accès équitable à l'eau et à l'assainissement.
Face à ces défis, le rapport plaide pour une gestion plus efficace des ressources en eau, avec des recommandations précises : améliorer les infrastructures hydrauliques, renforcer la coopération internationale et adopter des politiques d'adaptation au changement climatique. Il insiste sur la nécessité d’actions concrètes pour garantir une meilleure résilience des populations vulnérables face aux crises de l'eau et du climat.
Ce webinaire a ainsi permis de poser un diagnostic précis sur les défis du secteur et d’identifier des pistes d’actions concrètes pour renforcer la résilience des sociétés d’eau et d’assainissement face aux effets du changement climatique. Une mobilisation continue des acteurs du secteur et un engagement fort des décideurs seront nécessaires pour relever ces défis et assurer un avenir durable à l’accès à l’eau en Afrique.